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Les chroniques du positif : Du nouveau sur le bonheur



Les articles dans la presse ou sur le web, les livres ou mêmes les études scientifiques consacrées au bonheur et aux conseils pour être heureux ou pour devenir plus heureux sont innombrables.


Sommes-nous plus heureux pour autant ? Sans doute pas dans la plupart des cas.


Pourquoi ? Comment s’en sortir ? Quel peut-être le rôle de la passion en la matière ?


Voici ce que disent différents experts scientifiques sur ces sujets dans des publications récentes.


 

Comment s’échapper du « tapis roulant hédonique »


Un article publié dans le BBC Science Focus Magazine nous donne quelques pistes de réponses à deux questions assez essentielles lorsqu'il est question de bonheur. La première est que beaucoup d’articles consacrés au bonheur donnent différents conseils pour être plus heureux. Et pourtant, la plupart du temps, en suivant ces conseils, nous ne sommes pas plus heureux pour autant. Comment l’expliquer ?

 

Ce sentiment d’insatisfaction est qualifié par les psychologues de "tapis roulant hédonique" (hedonic treadmill). Il décrit la tendance à revenir à un niveau de bonheur de base quelles que soient les péripéties de la vie, avec ses hauts et ses bas. Pour Lara Aknin, professeure de psychologie sociale à l’Université Simon Fraser au Canada, "lorsque nous vivons des événements extrêmement positifs comme l’achat d’une nouvelle maison ou l’obtention d’un bon emploi, notre niveau de bonheur culmine temporairement et la vie est belle. Mais au fil du temps, nous nous adaptons à notre nouvelle vie, pour finalement revenir à un état d’équilibre familier". Et même si nous parvenions à atteindre nos plus grands objectifs, nous reviendrions inévitablement à notre point de départ. Cela signifie en définitive que nous sommes "coincés sur le tapis roulant". Et cela explique pourquoi cela ne fonctionne pas lorsque l’on essaie de suivre les conseils donnés dans les articles consacrés au bonheur.


Au passage, il y a tout de même une bonne nouvelle à partir du moment où ce même processus s’applique aussi aux événements négatifs. Lara Aknin estime ainsi que "lorsque les gens subissent un échec, comme un licenciement ou une rupture, dans la plupart des cas, cela ne va pas rester au-dessus de leurs têtes pour le reste de leur vie. Les sentiments intenses finissent par s’atténuer et les gens reviennent à leur niveau de base, souvent plus rapidement qu’ils ne le pensaient au départ".


 

6 leçons qui changent la vie


Alors n’y a-t-il rien à faire pour ne plus être coincé sur ce tapis roulant ?


La BBC a interrogé trois experts, qui s’appuient sur les résultats de différentes études scientifiques, pour répondre à cette seconde question-clef sur le bonheur : Lara Aknin, Michael Rucker (spécialiste du comportement) et Christopher Boyce (chercheur honoraire au Behavioural Science Centre de l’Université de Stirling). Ceux-ci ont identifié "6 leçons qui changent la vie inspirées des plus grandes études sur le bonheur humain" :


  • (1) Arrêtez les activités chronophages (et donc de vouloir gagner toujours plus d’argent), d’autant qu’une fois que les individus vivent dans une situation matérielle confortable, les études indiquent que gagner plus d’argent ne se traduit pas par un bonheur supplémentaire.

  • (2) Optez pour la variété plutôt que vouloir devenir un expert et ainsi faire toujours plus ou moins la même chose dans les mêmes domaines.

  • (3) Essayez de nouvelles choses juste pour le plaisir car nous devons rechercher des "micro-joies", de nouveaux passe-temps qui nous apportent une satisfaction immédiate sans la pression d’atteindre des objectifs spécifiques.

  • (4) Déchirez vos objectifs actuels, écrivez-en de nouveau en faisant la part entre des objectifs intrinsèques (que l’on poursuit pour leur satisfaction inhérente) et des objectifs extrinsèques (quête de récompenses externes ou pour éviter des conséquences négatives) en se concentrant par conséquent sur les premiers.

  • (5) Exploitez la tendance de la "désinfluence" de sorte à éviter de déterminer sa valeur sociale et personnelle en fonction de la façon dont nous pensons nous situer par rapport aux autres (notre entourage ou nos contacts sur les réseaux sociaux) et à ne pas être trop distrait par notre environnement qui nous pousse à consommer des objets qui ont un effet très éphémère sur notre bonheur. Comme le dit Christopher Boyce, "lorsque les gens sont sur leur lit de mort, ils disent généralement deux choses : ils auraient aimé travailler moins et ils auraient aimé passer plus de temps avec les gens qu’ils aiment. Pourtant, malgré ce constat commun, la plupart d’entre nous font exactement le contraire".

  • (6) Créez un club de lecture, n’invitez pas vos amis car les études ont montré que même de brèves interactions avec des inconnus, par exemple dans les transports en commun, peuvent renforcer notre sentiment de bien-être. Quoi qu’il en soit, les connexions sont un prédicteur très important de bonheur.

 


Le lien avéré entre bonheur et passion


Des chercheurs de l’UQAM – Université du Québec à Montréal (UQAM) autour de Robert J. Vallerand, professeur à l’Université du Québec et titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les processus motivationnels et le fonctionnement optimal, et de son équipe ont réalisé plusieurs expériences pour tenter de répondre à la question-clef suivante : pourquoi des individus sont-ils plus heureux que les autres ?


Pour répondre à cette question, ils se sont concentrés sur la façon dont les individus les plus heureux envisagent les activités quotidiennes, que celles-ci soient agréables ou pas.


Les résultats de ces expériences ont été publiés récemment dans un article intitulé en français "Qui est le plus heureux et pourquoi ? Le rôle de la passion et de l’auto-régulation dans le bien-être psychologique" (Robert J. Vallerand, Jean-Michel Robichaud, Sonia Rahimi et Jocelyn J Bélanger, "Who’s the Happiest and Why? The role of passion and self-regulation in psychological weel-being", Motivation and Emotion, Volume 48, mai 2024).


Les chercheurs y montrent que les individus les plus heureux sont ceux qui exercent des activités de façon passionnée dans quatre domaines : les études, les hobbies, les relations amoureuses et les relations amicales. 


Ils définissent la passion comme "un fort penchant pour une activité que l’individu aime, qu’ils trouve importante et dans laquelle il investit temps et énergie". Ils établissent néanmoins une distinction assez nette entre passion harmonieuse et passion obsessionnelle. La première renvoie à un engagement équilibré dans une activité qu’une personne apprécie, valorise et qui s’intègre harmonieusement avec d’autres aspects de sa vie. La seconde passion correspond à la volonté plus difficilement contrôlable de s’engager dans une activité, souvent liée à des pressions extérieures ou à l’estime de soi. Or, si la passion harmonieuse est considérée par les chercheurs comme un facteur de bien-être psychologique, c’est moins le cas de la passion obsessionnelle, qui peut avoir des effets potentiels négatifs. C’est la raison pour laquelle, selon Robert J. Vallerand, "avoir plusieurs activités qui nous passionnent présente certains avantages supplémentaires, car cela éviter de devenir obsédé par une seule chose. Se consacrer à plusieurs choses nous protège de la passion obsessionnelle et de ses effets négatifs potentiels".


Ils ont aussi montré que les individus les plus heureux sont ceux qui abordent les activités moins agréables, telles que les tâches ménagères, en accomplissant ces tâches par choix et responsabilité personnelle, et non sous pression ou par obligations externes. Cela renvoie au concept d’autorégulation, qui décrit la façon dont les individus se motivent pour effectuer des tâches, en particulier celles qui sont les moins agréables.


Les auteurs de cet article en concluent que, pour notre bien-être, il est important d’essayer de se montrer passionné dans au moins une activité (et si possible plusieurs) dans la vie.

 

Les articles suivants synthétisent les résultats de ces différentes expériences en français et en anglais.

 

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