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Les chroniques du positif : Non, l’argent n’a pas plus de valeur que les amis



On peut croiser dans la rue des personnes portant des tee-shirts sur lesquels sont inscrits des phrases telles que "I need money not friends" ou bien "I’m here to make money not friends". On est loin du "Make love not war" des années 1960.



Au-delà de la dimension antisociale volontairement provocatrice, ce type de tee-shirt est le symptôme de valeurs individualistes, matérialistes et consuméristes qui caractérisent une grande partie de nos sociétés.


Malgré tout, la vision du monde qu'il charrie apparaît totalement antinomique avec les besoins fondamentaux des individus. On peut penser à ce propos à une statistique effrayante qui avait été diffusée il y a quelques années selon laquelle un isolement prolongé est l’équivalent de 15 cigarettes par jour pour les personnes socialement isolée ou seules (source). Le célèbre Boris Cyrulnik nous rappelle aussi qu’“Un cerveau seul, même sain, s’atrophie” (source).


Ceci est corroboré par les résultats d'une multitude d’études scientifiques. A commencer par la très célèbre étude menée depuis 1938 par l’université Harvard, qui a fait l’objet d’un livre intitulé "The Good Life. Ce que nous apprend la plus longue étude scientifique sur le bonheur et la santé" (Leduc, 2023). Celle-ci montre bien que ce qui tend le plus à rendre les gens heureux et ce qui contribue le mieux à leur longévité, c’est avant tout la qualité et l’intensité de leurs relations sociales, et non la gloire ou la richesse.


C’est ce que montrent également les études menées par la psychologue Laura Carstensen et son équipe. Dans une étude consacrée à des menaces de nature collective (à Hong-Kong avec la rétrocession à la Chine et l’épidémie de SRAS au début des années 2000 ou aux Etats-Unis après les attentats du 11septembre 2001), l’équipe de Laura Carstensen a montré que, lorsque l’avenir semble incertain et potentiellement menaçant, les individus tendent à privilégier les liens avec leurs proches.


On observe le même type de réflexes dans les unités de soins palliatifs pour les personnes en fin de vie. Deux études menées auprès des patients en soins palliatifs (source 1 et source 2) indiquent que ce qui rend heureuses les personnes en fin de vie, ce sont avant tout les relations sociales, mais aussi jouir de plaisirs simples, comme le fait d’être dans la nature, avoir un état d’esprit positif, passer de la recherche du plaisir à la recherche d’un sens et d’un épanouissement à mesure que la maladie progresse.


C’est ce que l’on retrouve également dans le livre de Bonnie Ware, une infirmière australienne qui a longtemps travaillé en soins palliatifs, "Les 5 regrets des personnes en fin de vie" (Trédaniel, 2013). Parmi ceux-ci, il y a le regret de ne pas être resté en contact avec ses amis.


Enfin, dans le livre de la psychologue Cécile Cloulas, "Comment leur mort a changé leur vie. Ce que les expériences de mort imminente nous apprennent" (Eyrolles, 2021), consacré aux expériences de mort imminente (EMI), il y a ce passage étonnant: "Fait tout à fait troublant, plusieurs EMIstes interrogés [...] ont été confrontés aux deux questions suivantes qui leur ont été posées pendant l’EMI : 'Comment as-tu aimé ?' et 'Qu’as-tu fait pour autrui ?'".


Conclusion, Make friends not money!

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